Comprendre l’incompréhensible ? Visite chez une guérisseuse aux Philippines, chirurgienne psychique à mains nues.
Je me suis toujours intéressée aux médecines dites parallèles. Certains disaient de moi que je suis influençable, perchée ou tout simplement sensible… En tout cas, cela m’a toujours fascinée.
Du magnétiseur de nos campagnes, qui m’a complètement hypnotisée pendant 2 heures quelques jours avant le passage de mon bac, à la plus classique consultation en naturopathie lorsque je suis devenue maman, j’ai découvert beaucoup de spécialités et j’ai même décidé de m’installer en tant qu’énergéticienne.
J’ai regardé beaucoup de reportages et celui des chirurgiens psychiques ou chirurgiens à mains nues aux Philippines m’a beaucoup impressionné.
Aller au devant d’une pratique de guérison spirituelle
Quand ma fille aînée a décidé de partir « découvrir le monde », il m’a été proposé de la rejoindre un temps en Asie du Sud-Est. J’ai tout de suite choisi les Philippines pour le côté authentique et aussi pour ces reportages fascinants sur les « chirurgiens à mains nues ».
Et si c’était devenu possible de rencontrer un de ces fameux guérisseurs énigmatiques, suscitant fascination ou détraction ? En parallèle de mon voyage, j’ai donc fait des recherches et souhaité aller à Urdaneta (au nord de Manille, à environ 4 heures de bus), fief de bons nombres de guérisseurs philippins. Il se trouve que j’ai trouvé plusieurs témoignages, dont celui de Les remèdes naturels, parlant d’Esther Bravo, ancienne assistante de Juanito Flores.
Bon, évidemment, Urdaneta ne fait pas rêver et c’était des retrouvailles mère-fille quelque peu particulières dans ce cadre-là.
Le matin du mercredi 15 mai 2024, nous nous lançons. Nous demandons à un tricycle de nous mener à l’adresse de la chapelle sur la grande route traversante « MacArthur Highway » de cette ville moyenne de la région de Luzon Nord. Notre conducteur nous arrête au bord de la grande route (il ne connaissait pas la fameuse chapelle, ni même Alice qui tient un snack en face de la Panpacific University où nous avons mangé à notre arrivée), c’est troublant.
Pas d’indications au bord de la route, une clinique pour femmes. Rien d’autre sur la grande route. Nous essayons une ruelle où nous ne trouvons rien, puis une autre ruelle où il semble y avoir un peu plus de mouvement. Des personnes attendent sur un banc dans une petite cour intérieure devant l’entrée d’une modeste chapelle toute violette : c’est là !
La rencontre
À partir de ce moment précis où nous avons trouvé ce lieu, tout s’enchaîne.
Il est 8h45 du matin, nous sortons une heure plus tard en ayant la sensation d’avoir été hypnotisées ou tout du moins complètement abasourdies.
Bon, je vais essayer de vous décrire ce qui s’est passé.
Quand nous arrivons, des personnes se trouvent dans la cour à l’extérieur de la chapelle. Nous devons ôter nos chaussures. Une personne française, présente depuis plusieurs jours, nous indique la feuille sur laquelle nous inscrivons nos noms, prénoms et pays d’origine. Nous devons ensuite prendre un badge où est inscrit un numéro.
Il y a des indications dans la chapelle indiquant que les portables, photos sont prohibés. Je lis un panneau sur le mur gauche en rentrant écrit en anglais qui donne les recommandations après le soin. Si je me souviens bien, il est recommandé de ne pas se doucher le jour même, de ne pas avoir de rapports sexuels pendant 1 mois il me semble et d’autres choses encore.
Ok, en termes d’organisation, ça a l’air rodé.
Nous attendons, il y a tout au plus 20 personnes installées sur les 10 bancs qui entourent l’allée centrale.
Plusieurs nationalités, plusieurs âges, des personnes plus ou moins en bonne santé apparente, plusieurs langues parlées en plus de l’anglais.
Sur une table en bois au fond, les personnes présentes déposent des bouteilles d’eau, médicaments, gourdes. Je vais donc poser ma bouteille d’eau partiellement bue.
Puis les étapes se déroulent, comme elles doivent l’être chaque jour :
- Une dame brune, aux yeux noirs « éclair », arrive et je crois reconnaître Esther Bravo. Interview d’Esther Bravo
- Elle porte une blouse blanche, prend un gros livre et fait une sorte de prêche en anglais auquel j’avoue ne pas avoir tout compris.
- Puis les personnes se lèvent et forment une file d’attente. La file d’attente pour se faire scanner ? Madame BRAVO tient entre ses mains une feuille de papier A4 blanche qu’elle passe devant chaque corps. Cette feuille semble être le moyen pour elle de « repérer » les points à « travailler-guérir-retirer-bénir ». Elle semble retirer « énergétiquement parlant » des choses à des points précis (différents pour chacun des personnes présentes, évidemment !) qu’elle envoie à la bible (qu’une de ses assistantes tient « devant-au-dessus » de notre corps). D’après ce que je comprends, ce sont des « injections spirituelles ».
- Ensuite, elle s’occupe de « bénir » les objets se trouvant sur l’autel au fond de la chapelle. Les objets sont alors déposés sur la table où Mme Bravo a fait son prêche et chacun d’entre nous vient reprendre ce qu’il a déposé.
- Puis, elle appelle, via ses assistants et assistantes, les personnes une à une en commençant par un jeune homme local puis le couple avec un monsieur mal en point. Ensuite, je ne sais plus trop s’il y avait un ordre ou non mais nous avons répondu à l’appel du numéro inscrit sur notre badge. Les personnes passent et je ne sais pas trop ce qui se passe. Elles montent sur la table en bois au fond de la chapelle (table en bois de 2 mètres de long et de 40 cm de large je dirais) sur le dos, puis sur le ventre ou l’inverse, sur le côté. Elle ne travaille pas sur les mêmes zones selon les personnes, et cela dure plus ou moins longtemps (pas plus de 6 minutes je pense). Un ou une assistante met un drap sur chaque personne au niveau des zones « traitées » et semble éponger du « liquide » avec des cotons. Esther Bravo jette des choses dans des bidons sur le côté, des agglomérats ?
A mon tour, ma fille décide de suivre. Je suis complétement hypnotisée, impressionnée, apeurée aussi. Je monte sur la table, sur le dos.
Un drap est posé au sur la partie basse de mon corps, elle commence par le ventre en bas à gauche et sa main est brûlante. Je me concentre en fermant les yeux pour bénéficier un maximum de cette « opération ». Elle me demande d’où je viens et me parle de stress je crois, je ne sais plus. C’est rapide. Elle commence par mon ventre en bas à droite.
Sa main semble brûlante, elle « trifouille », revient par 2 fois. Puis elle fait un signe aux assistantes pour que le drap se déplace vers mon sein gauche. C’est étrange, elle retire des choses, une assistante semble éponger, elle jette dans des récipients en plastique à côté de la table, une assistante prend du coton pour éponger, une odeur d’alcool ou de désinfectant, sensations étranges dans mon corps aux points ciblés, puis mon sein droit, puis ma gorge à gauche. Je reste concentrée, tout va très vite (ma fille dit qu’il lui semble avoir vu du sang vers ma gorge). Il faut s’imaginer que vous n’avez plus conscience de ce qui se passe, que les sensations s’enchaînent, que vous ne comprenez pas mais croyez.
Elle me demande de me mettre sur le ventre et elle semble s’occuper du bas ou du milieu de mon dos mais là, je ne sais plus, j’ai complètement décroché. On me demande de descendre de la table et de m’asseoir ou une femme me passe de l’eau sur les points travaillés encore très chaud.
Je suis complètement « ailleurs » et j’essaie d’observer les gestes effectuées sur ma fille. Elle, elle a compris que son intestin était court et j’ai vu des choses posés sur son ventre, du liquide blanc-rose et les mains dans le ventre. Je l’ai bien vu. Les mains de la guérisseuse et des assistants étaient visibles.
Irrél.
Drôle de sensation, drôle d’expérience. Que faire maintenant ? Revenir dans la réalité ? Mais c’est aussi là, bien réel !
Revenir de cette rencontre
C’est fini. Nous faisons une offrande dans la boite près de l’hôtel prévu à cet effet que j’ai cherché longuement. Des personnes sortent, nous suivons, remettons nos chaussures, saluons les personnes dans la cour, sortons de cet endroit en nous retournant à plusieurs reprises pour savoir si cela a bien existé.
Ça existe, c’était réel, j’y étais, je suis passée entre ses mains.
Esther BRAVO est dévouée aux autres dans cette chapelle modeste où les conditions de vie ne sont opulentes que par la foi.
Je sais maintenant qu’il y a une force dans l’énergétique au point de pouvoir rentrer dans des corps. Il faut peut-être se résoudre à ne pas tout comprendre et à interpréter, la science n’a pas encore tout prouvé et je sais maintenant que c’est réel.
Comment quelqu’un qui n’était pas là peut-il le croire ? Comment le comprendre ? Je ne sais pas, ce que je sais, c’est que je l’ai vu, ressenti, cru, aimé. Je sais maintenant que je n’ai plus la même perception du réel ou du non-réel, lié à mes croyances, mais aussi par ce que j’ai vécu là-bas dans la « Bravo Church » à Urdaneta – Pangasinan aux Philippines.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter cet article : https://www.researchgate.net/publication/348336707_Chirurgie_psychique_aux_Philippines_une_therapie_du_croire_Revue_Arts_Cultures_Geneve_2011